LUBRIZOL : 6 ans après l’incendie, La justice doit accélérer ses investigations en vue d’un procès pénal

Le 26 septembre 2019, Rouen et une partie de l’agglomération se réveillait sous un immense nuage de fumée cancérigène, dont on retrouvera les traces jusqu’en Belgique. Les retombés de suies ont été nombreuses, notamment dans le pays de Bray. À cela s’ajoute de très nombreux débris de toiture amiantée dispersés sur plusieurs kilomètres à la ronde.

C’est sans oublier que nous avons échappé au pire. Si les salariés de l’entreprise n’avaient pas déplacé les stocks de penta sulfure de phosphore, la ville aurait été touché par un gaz mortel.

6 ans après, force est de constater que les investigations de la justice n’avancent pas vite. Si la DREAL a annoncé rapidement avoir transmis à la justice un procès-verbal d’infraction à l’encontre de LUBRIZOL concernant 2 délits et 11 contraventions, il a fallu attendre janvier 2023 pour prendre connaissance du complément d’expertise. Les experts confirment de nouveau que l’origine du feu est partie de LUBRIZOL. Début septembre 2025, le média d’investigation normand Le Poulpe indique que, dans le cadre d’une procédure devant le tribunal de commerce initiée par LUBRIZOL, un nouveau rapport établi par deux experts du laboratoire central de la préfecture de police de Paris « considère de manière formelle et sans conditionnel que le départ de feu s’est bien déclenché sur le site de Lubrizol ».

6 ans après l’incendie, il est temps que la justice accélère dans le traitement du dossier. Actuellement mise en examen pour « destruction involontaire par incendie due à la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », « blessures involontaires ayant entraîné une incapacité inférieure ou égale à 3 mois par manquement délibéré à une obligation de prudence » ou encore « mise en danger de la vie d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », les juges d’instruction devraient finir par se prononcer sur un renvoi de l’entreprise devant le tribunal correctionnel.

Si l’incertitude demeure sur la cause primaire de l’incendie, lampadaire défectueux ou percement d’un récipient plastique contenant un produit inflammable par un chariot élévateur, les nombreuses infractions ayant permis au feu de prendre son ampleur existent et Lubrizol doit être jugé pour cela.

Nous sommes donc encore loin d’un procès pénal.

La justice est une fois de plus très lente vis-à-vis de la délinquance en col blanc !

6 ans après, nous devons continuer à nous mobiliser toutes et tous, travailleur.e.s, riverain.e.s, défenseur.e.s de l’environnement….

Pour que la justice ne nous oublie pas,
Pour que tout soit mis en œuvre afin de déboucher le plus rapidement possible sur un procès pénal exemplaire,
Pour que nous ayons l’autorisation d’utiliser les pièces du dossier pénal dans une procédure pour faute contre l’Etat, qui est complice de ce crime industriel et qui continue à être laxiste avec les industriels qui jouent avec notre santé !
6 ans après, ceux qui ont respiré les produits toxiques du nuage de LUBRIZOL, ceux qui ont nettoyé les suies cancérogènes tombées sur les voitures, les salons de jardins…, ceux dont les crises d’asthme ont empiré, n’ont pas vu l’ombre d’une indemnisation de leurs préjudices par le pollueur – non-payeur LUBRIZOL.

6 ans après, nous n’avons toujours pas obtenu l’ouverture d’un registre des cancers et des malformations, registre indispensable pour mener à bien les études pouvant permettre de faire le lien entre santé, travail et environnement !

6 ans après l’incendie, aucune campagne grand public n’a été menée par la DREETS, l’ARS et Santé Publique France sur les risques liés aux suies cancérogènes, sur l’amiante dispersée dans une partie de l’agglomération, sur les risques liés au benzène ….

6 ans après, les pompiers du SDIS n’ont pas plus de moyens humains et matériels ! 6 ans après, aucune plaquette n’a été distribuée aux riverains sur les consignes à suivre !

6 ans après, le dernier bilan du BARPI pour 2024 confirme que le nombre d’accidents et d’incidents industriels reste à un très haut niveau, bien plus qu’il y a 10 ans. Malgré les risques évidents, les capitalistes continuent à jouer avec la vie des riverain.e.s et des travailleur.e.s.

Ce qui est arrivé à AZF en 2001, à SAIPOL en 2018 ou très récemment à Saint-Rémy-du-Nord (Nord) peut malheureusement se reproduire sur les sites SEVESO qui nous entourent.

6 ans après, les risques perdurent autour de nous, comme l’illustre les récentes mises en demeure préfectorales concernant les entreprises E/S chimie à St pierre les Elbeuf en juin dernier ou encore SAIPOL à Grand Couronne en juillet.

6 ans après, les installations électriques de LUBRIZOL ne sont toujours pas aux normes dans les zones à risque d’explosion ! Sur les 377 équipements non-conformes recensés en 2019, 87 ont été changé, mais un seul sur les 152 considérés comme urgents à changer, selon une inspection de la DREAL du 13 mars 2025. Il y a urgence pour que cela change !

Pour obtenir, Justice, Vérité et une autre politique protégeant la population et les travailleur.es, mobilisons-nous !

COLLECTIF UNITAIRE LUBRIZOL BOLLORE and Co : VERITE.JUSTICE.LUBRIZOL@PRONTONMAIL.COM

Rassemblement : Vendredi 26 septembre – 18h Palais de justice de Rouen