Au mois de mars, les dotations des universités et établissements d’enseignement supérieur pour l’année 2015 n’ont toujours pas été rendues publiques par le gouvernement (ce point de l’ordre du jour du CNESER est sans cesse reporté). Pour cause, l’annonce d’un prélèvement de 100 millions d’euros sur les fonds de roulement des universités dans le cadre du « redressement des comptes publics », prélèvement que le ministère de l’éducation nationale ne parvient pas à arbitrer !
Il s’agit d’une somme considérable au regard des difficultés budgétaires des universités, avec pour conséquence la plus visible des gels de postes de personnels qui s’accumulent depuis 3 ans.
Pourtant, cette hypothèse de diminution du budget global de l’enseignement supérieur et de la recherche qui avait défrayé la chronique en décembre dernier, avait été théoriquement tranchée au profit des universités par le président de la république qui avait reçu leurs présidents en grande pompe à l’Elysée.
3 mois plus tard, l’éventuelle baisse de 60 millions est devenue un prélèvement de 100 millions, en contradiction complète avec les engagements initiaux.
C’est donc bien d’une politique d’austérité dont il s’agit puisque le nombre de postes mis au concours diminue de fait, au CNRS comme dans les universités, alors que le nombre d’étudiants continue d’augmenter, avec comme corollaire le recours toujours plus important aux personnels contractuels.
Motion du conseil d’administration de l’université de Rouen du 10 mars 2015 sur l’état budgétaire de l’enseignement supérieur et de la recherche en France
Adopté à l’unanimité
Le CA de l’université de Rouen, à la suite du CNESER du 23 février 2015, dénonce fermement l’attitude du ministère consistant à reporter une nouvelle fois l’étude de la répartition des moyens des établissements d’enseignement supérieur et de recherche.
Prenant prétexte d’une analyse des fonds de roulement des universités, le ministère confirme son peu d’attachement aux avis des membres de la communauté universitaire sur l’état budgétaire de notre système d’enseignement supérieur et de recherche, entretenant par la même l’inquiétude des personnels et des étudiants quant aux conséquences des restrictions budgétaires annoncées.
Suite à l’annonce du ministère de mobiliser les fonds de roulement des établissements d’enseignement supérieur présentant un caractère “hors-norme” au titre du redressement des comptes publics, le CA de l’université de Rouen s’inquiète que les fonds de roulements des établissements deviennent petit à petit la base systématique des discussions budgétaires.
Le CA de l’université de Rouen rappelle que les fonds de roulement doivent être prioritairement dédiés à des investissements utiles à la modernisation des établissements, au bon fonctionnement des équipes pédagogiques, à la réussite des étudiant-e-s et à la réalisation des programmes de recherche, et qu’ils ne sauraient être considérés comme un trésor caché dans lequel le ministère pourrait piocher allègrement.
Le CA de l’université de Rouen demande solennellement au ministère de ne pas brider les budgets de fonctionnement et d’investissements indispensables à la qualité de notre modèle public d’enseignement supérieur et de recherche.
Dans un contexte d’incertitude budgétaire provoquant une tension forte chez les personnels et les étudiant-e-s, le CA de l’université de Rouen demande au ministère de ne pas rajouter de la panique à l’inquiétude.
Il dénonce également, dans le contexte local du CPER 2015-2020, le sous-financement de l’État dédié aux projets immobiliers de l’université de Rouen qui ne permettra pas, en particulier, la construction de la nouvelle bibliothèque sur le site de Mont St Aignan.
Le CA de l’université de Rouen appelle donc à l’urgente nécessité d’un investissement public fort et durable dans l’enseignement supérieur et la recherche.