Pour sa vingtième année d’existence, ce stage femmes a regroupé près de quatre cents participantes de syndicats différents.

UN PROGRAMME RICHE

Le programme de ces deux journées a été très riche en informations et échanges sur les quatre thèmes suivants :

• Austérité et perspective de genre

• Femmes-Hommes : des différences naturelles ?

• Femmes et numérique

• IVG, une lutte d’actualité

INTERVENTION d’ISABELLE GUERIN ET DE MILITANTES BELGES

Les interventions d’Isabelle Guérin, socio-économiste, d’ ATTAC et des militantes de la FGTB fédérale belge ont mis en évidence les effets différenciés de la politique d’austérité pour les hommes ou pour les femmes. Les femmes sont encore plus précarisées (suppression des postes fonctionnaires, baisse des dépenses publiques, fermeture des centres IVG, allongement de la durée de cotisation pour le calcul de la retraite, non prise en charge du travail domestique…) d’où la nécessité de regarder les conséquences par genre et d’avancer sur les revendications spécifiques.

Le FMI a fait le constat que l’écart salarial entre hommes et femmes s’accroit ainsi que les inégalités depuis 2012, les femmes étant considérées comme une variable d’ajustement pour l’emploi.

LE FILM « HOMMES GRANDS, FEMMES PETITES »

Le film « Hommes grands, femmes petites » suivi des échanges avec la réalisatrice Priscille Touraille socio-anthropologue nous a fait réfléchir sur l’impact des rôles sociaux, de l’environnement, de la division du travail depuis des siècles et de l’orientation des discours scientifiques sur les différences « dites naturelles » entre hommes et femmes. « La science est un discours socialement situé » (Nancy Huston)..

Femmes et numérique :

Dans ce domaine, il faudrait sortir de l’impasse de l’orientation sexuée, les postes dans l’informatique étant à 90% occupés par des hommes. Peut-on parler d’autocensure des femmes ou de censure sociale (stéréotypes de sexe, plaisanteries sexistes…) ?

Avec l’outil informatique le télé travail s’est développé. Il est présenté comme une aubaine pour les femmes car il supprime le temps de transport et permet de s’occuper des enfants. C’est pourtant un piège car il isole totalement les femmes.
Les outils du numérique ont cependant permis le développement d’une communauté virtuelle du mouvement social et une mobilisation en ligne autour du mouvement des femmes. 72% des femmes se connectent à internet chaque jour . Des actions en ligne viennent compléter les modes d’actions traditionnels. A noter quelques sites à consulter sans modération : « osez le féminisme », « femmes solidaires », « la marche mondiale des femmes », « la barbe », « espace de la cause des femmes »….

LE DROIT A l’IVG, UNE LUTTE D’ACTUALITE

L’IVG : une lutte d’actualité : Les témoignages de militantes polonaises, des pays bas et du planning familial du 93 nous alertent sur les attaques actuelles contre le droit à l’avortement dans plusieurs pays européens et sur la nécessité de se mobiliser.

Natalia Broniarczyk nous a exposé les difficultés des femmes en Pologne face à l’avortement. Pour exemple : les médecins ont refusé l’avortement à une femme attente d’un cancer. Elle est morte 3 mois après l’accouchement. Les avortements illégaux sont réservés aux élites. En 2016 une association ultra nationaliste a écrit une modification du projet de loi introduisant un concept de meurtre prénatale.

En France, la fermeture de maternités et des centres de santé,(130) sur les 10 dernières années, rend plus difficile l’accès à l’avortement.

Devant l’affluence des demandes, le planning familial du 93 reçoit collectivement des femmes pour l’avortement ou la prise de pilule. Le planning 93 a décidé de remettre en place des avortements par induction depuis 2015 (arrêt en 1986). Le planning bataille pour la création d’un centre de planification, sachant qu’une sage femme peut donner la pilule avortive.

DES ACTIONS DE SOLIDARITÉ

Hazal Atay nous a présenté l’action de solidarité de Women en Wawes envers les femmes en détresse. Cette association a affrété un bateau et part en campagne d’information dans les eaux territoriales près des pays où l’avortement est interdit. Quelques avortements peuvent être pratiqués sur place. Les demandent affluent et les militantes s’exposent à des réponses virulentes de certains états.

Devant les attaques actuelles des droits fondamentaux des femmes, la marche mondiale des femmes travaille actuellement à l’organisation d’une manifestation européenne et lance un appel :

« Nous appelons à la construction d’une mobilisation européenne autour du 28 septembre 2017, journée internationale du droit à l’avortement, où chaque pays inscrira ses revendications en vue d’une harmonisation européenne pour le respect des droits des femmes.

CONCLUSION PROVISOIRE

La réussite de ces deux journées de stage intersyndical, et cela depuis 20 ans, prouve le besoin et la nécessité de poursuivre l’information, la réflexion, le débat et l’action sur la question du genre. La place des femmes dans la société et les droits des femmes sont sans cesse remis en question. Cela nous impose de maintenir la vigilance et l’action pour l’égalité homme/femme.

A l’occasion des vingt ans de ces journées intersyndicales, un livre rassemblant une grande partie des interventions a été publié aux éditions Syllepse « Toutes à y gagner », vingt ans de féminisme intersyndicale. Il est (ou sera) disponible auprès de la FSU.

Murielle Chevalier, CPE, militante FSU qui a participé au stage.